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Pourquoi il faut réhabiliter Jafar

mai 30, 2021

Et si Jafar avait de bonnes intentions et que les apparences jouaient contre lui ?


Après tout, nous ne savons pas grand-chose le concernant. Dans le film d’animation de Disney sorti en 1992, il n’est jamais fait mention de sa vie passée, de ses origines ni de la nature et l’étendue de ses fonctions. L’unique chose que le spectateur sait est qu’il souhaite devenir sultan à la place du sultan. Si la quête du pouvoir est rarement perçue comme vertueuse, nous ignorons pourquoi Jafar souhaite s’en emparer et ce qu’il compte en faire.

En y regardant de plus près, il est tout à fait possible d’imaginer que derrière les complots, la répartie lapidaire et une apparence sinistre se cache un être dévoué qui se soucie réellement de son prochain. Aussi, mettons un instant de côté le rêve bleu, renversons les perspectives et hasardons-nous à accorder une seconde chance au grand vizir d’Agrabah.



  
Une situation politique catastrophique

 
Le sultan ne gouverne pas. À aucun moment il n’est possible de le voir prendre une décision ou de montrer un quelconque intérêt pour son peuple dont il ne parle jamais. Son temps semble se partager entre jouer avec une maquette du palais ou empiler des petits animaux en porcelaine. Une remarque de Jafar augure également un état de santé précaire du souverain. En effet, alors que le vizir pénètre dans son antre secret, il dit à son perroquet Iago « Je serai bientôt sultan à la place de ce demeuré congénital ». Il n’est pas à exclure que l’injure cache en réalité un problème de consanguinité au sein de la famille royale, trop habituée à faire des unions incestueuses pour préserver la lignée. Le sultan serait pour le royaume d’Agrabah l’équivalent du roi d’Espagne Charles II, ultime monarque d’une des dynasties les plus puissantes d’Europe qui chuta en raison de mariages consanguins successifs contractés des générations auparavant.
En parallèle, la situation à Agrabah s’avère socialement préoccupante. Des enfants vivent en haillons dans la rue, mourant de faim. Aladdin lui-même n’a aucune ressource et peine à se nourrir, réduit à voler pour survivre. L’état de délabrement de la ville est tel que le jeune homme squatte une ruine ouverte aux quatre vents. Autre indice dérageant, toutes les femmes visibles à l’écran, exception faite de Jasmine, sont habillées comme des prostituées.
En outre, le royaume fait face à une crise de succession qui ne dit pas son nom. Unique enfant du sultan, Jasmine doit se marier à un prince qui deviendra alors sultan. Autrement dit, le royaume passera à terme aux mains d’une puissance étrangère. 

 
  
Une princesse inconséquente


Jasmine n’est pas plus impliquée dans les affaires que son père, notamment parce que la charge revient à un homme et qu’elle n’exprime aucune ambition en ce sens en se montrant plutôt pusillanime. Pire, elle songe à s’enfuir, ce qui laisserait le royaume sans héritier. 
Les raisons de son souhait de partir sont floues, si bien qu’il est permis de s’interroger sur les pratiques en vigueur au palais. Après tout, sa mère semblant morte, peut-être a-t-elle payé de sa vie le fait d’avoir voulu dénoncer le sort subi par sa fille. Si aucun élément ne fonde cette hypothèse, force est de constater que Jasmine ne se soucie à aucun instant du chagrin qu’elle provoquerait chez son père en partant sans le prévenir et qu’elle abandonne au palais son tigre Rajah qui n’est rien de moins que son seul ami.
De plus, l’éducation de la princesse accuse quelques lacunes. Quand elle se trouve dans la ville, elle prend une pomme sur un étalage pour la donner à un enfant dans la rue et ne comprend pas quand le marchand demande à être payé. Elle n’a donc aucune idée du concept de monnaie.


Un vizir plus avisé qu’il y paraît


Jafar s’impose comme l’unique personne responsable à la tête de l’État. Si les prérogatives dont il jouit sont mal connues, il n’y aucun doute sur le fait qu’il gère la sécurité de la ville puisque les gardes indiquent à Jasmine qu’ils ne répondent qu’aux ordres du vizir. Jafar apparaît comme l’homme de l’ombre, maître de la coercition, maintenant l’ordre d’une main de fer. Il possède même un dispositif capable de montrer où se situe n’importe quelle personne, si bien qu’il aurait théoriquement les moyens d’instaurer un régime totalitaire de surveillance de la population pour retrouver les brigands.
Pourtant, Aladdin n’a pas l’air de craindre les gardes ni d’être arrêté. S’il y avait beaucoup de condamnation à mort, ou de punition consistant à couper des membres, Aladdin ne prendrait pas pareils risques. Jafar applique ainsi une politique sécuritaire clémente. Pour preuve, lorsqu’Aladdin est emprisonné, les cachots sont totalement vides. 
En substance, Jafar gouverne déjà dans les faits Agrabah sans pour autant avoir les coudées franches. Il ne peut modifier la loi, et le sultan s’y refuse. Son souhait de diriger la ville n’a en soi rien d’absurde et peut se justifier au regard de la situation du royaume.

 
  

Les reproches à l’égard de Jafar sont-ils fondés ?


Jafar tue Gazeem
Au tout début du film, Jafar retrouve dans le désert Gazeem, le voleur qui lui remet la seconde moitié du scarabée d’or. Une fois les deux morceaux réunis, ils permettent de faire émerger du sable l’entrée de la Caverne aux merveilles sous la forme d’une tête de lion monumentale. Jafar enjoint Gazeem de pénétrer dans l’antre afin de récupérer la lampe magique. Seulement, il ne fait pas trois pas que la mâchoire se referme et l’enfouit, définitivement. Jafar ne le tue pas directement et n’en avait pas l’intention car il ignorait ce qui pouvait se passer si une autre personne que le diamant d’innocence tenter d’entrer.

Jafar veut se marier à Jasmine pour devenir sultan
Il faut voir les choses dans l’ordre. Jafar ne songe à cette éventualité qu’après avoir échoué à récupérer la lampe. Il s’agit d’une solution extrême qu’il n’avait jamais envisagée jusqu’à ce moment, trop occupé à rechercher la seconde moitié du scarabée d’or. De plus, l’idée de se marier à Jasmine ne vient pas de lui, mais de son perroquet Iago. Une idée dont il prend soin de vérifier la faisabilité en consultant les lois d’Agrabah, montrant son attachement au droit et aux règles. Il serait tentant d’imaginer qu’il a falsifié le parchemin qu’il lit dans la salle du trône, sauf que s’il pouvait modifier les lois à loisir, il ne chercherait pas à devenir sultan en gouvernant indirectement. Jafar ne fait donc qu’exploiter une voie légale.
Ce n’est donc uniquement après avoir épuisé toutes les autres possibilités et essuyé le refus de la part du sultan qu’il en est réduit à utiliser son sceptre pour hypnotiser le sultan. Jasmine est donc moins un objet de désir qu’un moyen par défaut pour arriver au pouvoir.

Jafar tente à deux reprises de tuer Aladdin
Une première fois à la sortie de la Caverne aux merveilles : il tente de poignarder Aladdin après avoir récupéré la lampe. La seconde fois après qu’Aladdin ait volé toute la nuit en compagnie de Jasmine. Deux tentatives qui, sans les excuser, sont compréhensibles à condition de prendre un peu de recul.
Nous ignorons ce que se passait à l’extérieur de la caverne tandis qu’Aladdin l’explorait. Pour rappel, Iago est systématiquement montré en train de se plaindre et de mépriser tout le monde tandis que Jafar apparaît à l’inverse toujours très calme et patient. Il n’est pas absurde d’imaginer que Iago ait insisté auprès de Jafar pour se débarrasser d’Aladdin. Nul doute que le perroquet entendait être l’unique personne à partager le secret de la lampe avec Jafar. À une échelle plus politique, Jafar souscrit à une philosophie utilitariste consistant à s’accommoder de quelques actes immoraux dès lors que l’objectif sert la société dans son ensemble. En supposant que Jafar ait laissé la vie sauve à Aladdin et soit devenu sultan, Aladdin aurait perpétuellement constitué une menace en pouvant à tout moment révéler l’illégitimité de Jafar et potentiellement prendre sa place, ruinant tous les efforts de Jafar pour sortir Agrabah de sa déliquescence. La mort d’un voleur multirécidiviste constituait à ses yeux un sacrifice supportable pour garantir le bien-être des habitants de tous les royaumes et les libérer de l’incurie de la famille royale.
Concernant la seconde fois, de nombreux éléments discréditent la thèse de l’acharnement. Premièrement, Jafar ignore qu’il s’agit d’Aladdin puisqu’il croit qu’il a disparu lors de l’effondrement de la caverne. Ensuite, Jafar sait que la personne qui se fait passer pour le Prince Ali Ababwa est un imposteur. Pour être vizir, Jafar possède nécessairement une connaissance approfondie de la géographie du royaume et des pays voisins. Nul doute qu’il a dû éplucher en long, en large et en travers la liste des prétendants potentiels afin de déterminer à quelle sauce le royaume d’Agrabah se ferait manger après l’union avec la princesse Jasmine. Ce faisant, Jafar a su que tout n’était que supercherie dès l’instant où le nom Ababwa a été scandé dans la rue à l’approche de la parade du génie. Face à l’engouement de la population et l’enthousiasme du sultan qui est prêt à céder son royaume au premier prince en le faisant voler sur un tapis magique, Jafar n’avait d’autre choix que de supprimer discrètement ce faux prince.
Enfin, quand Jafar devient sultan, puis sorcier, il ne tue pas Aladdin, alors que plus rien ne l’empêcherait. Il se contente de le bannir en l’envoyant très loin dans le désert dans une tour du palais changée en fusée, sans le tuer directement. Cette scène est intéressante car Jafar chante : « Il vole, c'est un voyou. Et mon devoir, après tout, c'est d'envoyer voler jusqu'en enfer », ce qui confirme qu’il agit par devoir et non par pure méchanceté. Jafar fait ce qu’il estime être profondément juste.

Jafar transforme le sultan en une marionnette et enchaine Jasmine après être devenu sultan
En considérant que le sultan n’a rien fait pour sa population affamée et que Jasmine a menacé les relations diplomatiques du royaume en laissant son tigre mordre les princes venus se présenter, être transformé en bouffon et mis au fer est un sort enviable comparé à ce qu’ils mériteraient vraiment. À dire vrai, Jafar a fait preuve de clémence, et ce pour deux raisons.
En premier lieu, dans un but purement politique. Tuer l’ancienne famille régnante n’est jamais bien vu et dans la mesure où Jafar se veut despote éclairé, il ne souhaite peut-être pas débuter son règne par une exécution. Ensuite, Jafar propose à Jasmine de l’épouser. Elle deviendrait ainsi reine comme prévu, conservant tous ses privilèges. Si sur la perspective de se marier avec Jafar semble atroce de prime abord, la vie de Jasmine n’aurait pas forcément été meilleure sans ces manigances. En effet, Achmed est présenté comme un prince odieux, comme tous les autres qui ont tenté auparavant de séduire Jasmine. Et pourtant, son père persiste à ne pas vouloir changer la loi en voulant la marier à un prince en dépit de son souhait de trouver l’amour. Or un tel mariage aurait de toute manière conduit Jasmine à demeurer cloitrer dans un palais à jouer la bonne épouse. Pas sûr qu’elle eut eté moins malheureuse qu’avec Jafar. 
Quant au sultan, il semble évident que Jafar ait cédé une nouvelle fois à la cruauté de Iago, lequel entend se venger pour toutes ces années où le sultan l’a bourré de gâteaux. Compte tenu de l’obésité du sultan, le forcer à manger des biscuits n’a rien d’une punition affligeante, encore moins douloureuse. Une punition d’autant plus de courte durée que Jafar la fait cesser à la demande de Jasmine, ce qui tend à montrer qu’il est à son écoute et prend en considération ses sentiments. D’ailleurs, quand Jafar exige que Jasmine le respecte, il se ravise, et demande au génie qu’elle tombe éperdument amoureuse de lui. Cela montre que Jafar sait que Jasmine ne le respectera jamais et qu’elle continuera soit à la défier, soit être hypocrite envers lui. Dans la mesure où Jafar n’a aucune attirance ni le moindre sentiment envers elle, son souhait de la rendre amoureuse ne peut être motivé que par la volonté de la rendre heureuse, fut-ce par magie.


Aladdin, authentique vaurien


Aladdin vit dans un taudis et en réduit à voler sa pitance tous les jours pour survivre en ayant pour seule compagnie un petit singe. La misère fait partie de son quotidien, sans compter la violence dont les marchands font preuve, l’un d’eux ayant été à deux doigts de couper la main de Jasmine pour une pomme donnée à une enfant affamé. N’oublions pas non plus la petite escarmouche avec le prince Achmed venu se présenter au palais. Le noble se montre totalement méprisant avec Aladdin, rendant une image détestable des élites envers le bas peuple. 
Que fait Aladdin lorsqu’il a la lampe en sa possession ? Il demande à être fait prince pour impressionner Jasmine. Alors qu’il possède un outil surnaturel pouvant potentiellement lui permettre de sortir tous ses semblables de la misère et d’améliorer le sort de tous les habitants d’Agrabah, il préfère se vautrer dans la vanité et le mensonge. Le vœu d’Aladdin n’a rien d’anodin, car il aurait très bien pu souhaiter que Jasmine ne soit plus une princesse, de sorte qu’il n’ait pas à mentir sur sa condition ni à craindre d’être rejeté puisque la jeune femme aurait été d’un niveau social semblable au sien.
Tout compte fait, Aladdin se révèle vénal. De son propre aveu, il rêve d’habiter le palais d’Agrabah avec des domestiques et des valets à son service. Si Jafar souhaite le pouvoir, Aladdin aspire à la richesse et l’oisiveté. Sa prétendue bonté cache des réflexions de courtes vues. Une fois Jafar défait, il préfère libérer le génie sans laisser la possibilité à Jasmine ou son père de l’utiliser pour améliorer la situation d’Agrabah, ce qu’aucun d’eux ne réclame d’ailleurs.
Aladdin préfère le bonheur et la liberté d’une unique personne, le génie, au détriment de l’intégralité du royaume là où Jafar se soucie du peuple, mais pour se faire n’hésite pas à sacrifier quelques personnes pour atteindre cet objectif.



Iago, véritable antagoniste malfaisant


Toutes les exactions sont à mettre au crédit de Iago, le malveillant perroquet de Jafar, ou tout du moins, la responsabilité lui revient. Son nom trahit d’ailleurs sa véritable nature. Dans la pièce Othello ou le Maure de Venise de William Shakespeare, Iago est un officier au service du général vénitien Othello. Il n'aura de cesse de détruire la vie de son maître en raison de la jalousie qui lui porte, persuadé qu'il entretient une liaison avec sa femme. Le perroquet Iago nourrit sans doute une haine non pas à l’égard de son maître, mais des humains, pour lesquels il n’a que mépris.
Corrompre l’esprit du noble Jafar n’a pas dû être difficile. Durant des années, le vizir a essuyé de multiples humiliations de la part d’un sultan décérébré et de sa fille pourrie gâtée qui ne l’a jamais respecté. La frustration et la rancœur furent le terreau de la radicalisation de Jafar que Iago s’est appliqué à faire germer et cultiver. En regardant les scènes entre Jafar et Iago, il est possible de voir quelques exemples de ce conditionnement quand Iago s’adresse à Jafar en donnant du « Votre pourriture » ou « Ô puissance démoniaque ».
En tant qu’animal, Iago n’a probablement pas la capacité d’invoquer le génie et de lui demander d’exaucer trois vœux. Il vit ainsi par procuration à travers Jafar qui est son pantin sans que ce dernier n’en ait conscience. 
D’autre part, c’est Iago qui suggère de se débarrasser du sultan et de la princesse une fois Jafar sur le trône. Le fait que ce dernier propose par la suite à Jasmine de l’épouser alors que Iago voulait la faire disparaître montre en réalité sa grandeur d’âme. L’acte est authentiquement désintéressé puisque Jafar parle de Jasmine comme d’une mégère. Autrement dit, il propose à une personne qu’il n’apprécie pas d’en faire une reine.

 
  
Conclusion


En vérité, que Jafar soit authentiquement maléfique ou non n’a aucune importance. Tout résulte des agissements d’Aladdin, notamment après que le sultan ait dit à Aladdin que plus tard, il deviendrait à son tour sultan après s’être marié avec Jasmine. Aladdin ère alors comme une âme en peine dans un immense salon, songeant à la responsabilité qui sera prochainement la sienne. À ce moment précis, le génie demande à être libéré conformément à l’engagement qu’avait Aladdin dans l’oasis, où il avait promis de servir de son troisième vœu pour le faire. Or Aladdin refuse. Son atermoiement cache en réalité le fait qu’il se réserve la possibilité de revenir sur sa parole pour utiliser son troisième vœu dans une autre finalité. Et le personnage le plus traître serait Jafar ?
Rien de tout ce qui se passe par la suite, à savoir le pétage de plomb de Jafar, son accession au rang de sultan, puis de sorcier le plus puissant de l’univers, ne se serait produit si Aladdin avait respecté sa parole et libéré le génie. Même si Iago avait volé la lampe, Jafar n’aurait pas pu invoquer le génie, le sultan n’aurait pas eu à changer la loi et les sentiments de Jasmine, tout comme son existence, auraient été inchangés puisque de toute manière à la fin, Aladdin se marie bien avec elle, et donc, deviendra quand même sultan.

Si tout ceci ne vous paraît être qu’une succession d’arguments empreint de mauvaise foi, je vous invite plutôt à les considérer comme une occasion d’interpréter le récit sous un autre angle. D’autres l’ont déjà fait, ce qui a donné lieu à l’excellent spectacle musical Twisted: The Untold Story of a Royal Vizier. Les auteurs ont complètement réinterprété l’histoire pour la raconter du point de vue d’un Jafar vertueux. Inutile de vous dire combien cette version est absolument hilarante.


 

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